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#FieldVision | L'EUAM Ukraine se tiendra aux côtés de l'Ukraine et coopérera avec elle pour atteindre l'objectif commun de rapprocher le pays de l'UE

10.06.2022 StratComm

Depuis 2014, la mission de conseil de l'UE (EUAM) a apporté des conseils sur la réforme du secteur de la sécurité civile en Ukraine en ce qui concerne l'application de la loi et l'État de droit. Après l'invasion à grande échelle déclenchée par la Russie le 24 février, le chef de la mission, Antti Hartikainen, a procédé à l'évacuation du personnel du quartier général de l'EUAM à Kiev et de quatre antennes régionales. Tout le personnel international a quitté le pays en sécurité, tandis que certains membres du personnel local rejoignaient également le convoi après avoir été autorisés à le faire en vertu de la loi martiale. Maintenant que l'EUAM, avec un personnel international en nombre limité, a regagné son quartier général de Kiev et vise à accroître encore sa présence en Ukraine si la situation le permet, M. Hartikainen partage les enseignements tirés des trois derniers mois.

 

La guerre d'agression russe contre l'Ukraine a mis au jour des vulnérabilités dans notre environnement de sécurité européen. Le 24 février, lorsque les missiles et l'artillerie ont commencé à frapper Kiev et de nombreuses autres villes ukrainiennes, l'EUAM Ukraine a dû organiser des convois pour évacuer son personnel international et une partie de son personnel local. Grâce aux plans d'urgence, le personnel de Marioupol et de Kharkiv avait déjà été évacué. En outre, ailleurs, les effectifs avaient été réduits dans les semaines qui ont précédé l'invasion, par précaution. Dans un premier temps, notre convoi s'est dirigé vers le nord-ouest, mais les embouteillages et les informations faisant état d'actions militaires russes à proximité de l'itinéraire d'évacuation prévu nous ont contraints à nous rabattre vers le sud-ouest. Enfin, nous sommes arrivés en Moldavie, où nous avons décidé de mettre en place un quartier général temporaire.

L'EUAM étant une mission PSDC (politique de sécurité et de défense commune) de l'UE, je suis convaincu que la capacité à rester flexible et à s'adapter à des environnements en évolution rapide est profondément ancrée dans notre ADN. Comme ancien chef de la mission d'assistance de l'UE pour une gestion intégrée des frontières (EUBAM) en Libye, j'avais déjà fait l'expérience de l'évacuation d'un pays. Lorsque la deuxième guerre civile libyenne (2014-2020) a débuté, nous avons transféré notre mission de Tripoli à Tunis. Même si certains membres du personnel administratif de soutien sont restés à Tunis, la mission est maintenant de nouveau gérée en Libye. Comme dans le cas de l'EUBAM, le personnel de l'EUAM a fait preuve d'une grande prudence, d'un grand sens de l'initiative et de beaucoup de sang-froid tout au long de l'opération.

Une fois installée dans son nouveau bureau temporaire en Moldavie, notre équipe est retournée immédiatement au travail. Malgré cette situation, la mission est restée opérationnelle et a immédiatement recentré ses activités pour soutenir ses homologues ukrainiens.

"Depuis le début de la guerre, le Conseil européen a révisé à deux reprises le mandat de la mission"

Dès le début du mois de mars, nous avons lancé une activité de soutien aux frontières en déployant des équipes aux points de passage frontaliers ukrainiens avec la Pologne, la Slovaquie et la Roumanie. Leur mission consistait à observer et à apporter des conseils en vue de faciliter les flux de réfugiés vers les États membres voisins ainsi que l'aide humanitaire en cours d'acheminement, en coordination avec la délégation de l'UE et l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex). Le travail des équipes évolue également dans le sens d'un soutien aux efforts plus larges visant à faciliter les exportations agricoles de l'Ukraine et les échanges bilatéraux avec l'UE le long du "corridor de solidarité UE-Ukraine".

Peu après l'invasion, l'EUAM Ukraine a également réorienté ses fonds de projet vers un ensemble de mesures d'urgence visant à aider directement des partenaires tels que la police nationale, le service national des gardes-frontières et le service de sécurité de l'Ukraine. La mission a réaffecté 1,6 million d'euros à l'achat de matériel d'urgence, à savoir des équipements de protection et de premiers secours ainsi que des rations alimentaires. Le projet "PRAVO Police", financé par l'UE et mis en œuvre par le Bureau des Nations unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) en étroite coordination avec l'EUAM, a également été réaffecté à la fourniture d'une aide d'urgence aux services en charge de l'application de la loi et de l'État de droit.

Depuis le début de la guerre, le Conseil européen a révisé à deux reprises le mandat de la mission. Je ne saurais trop souligner à quel point nous avons apprécié la célérité avec laquelle cela s'est fait. Les décisions du Conseil ont été prises rapidement malgré le caractère mouvant de la situation et les défis qu'elle posait. Les équipes d'appui aux frontières susmentionnées ont été mises en place à l'occasion de la première révision du mandat. Une deuxième modification du mandat prévoit un cadre pour la fourniture par l'EUAM de conseils stratégiques, d'un encadrement, d'une formation et d'un soutien pratique au bureau du procureur général, aux parquets régionaux et aux services répressifs de l'Ukraine en ce qui concerne les enquêtes et les poursuites relatives aux crimes internationaux.

Bien entendu, ces nouvelles activités ont nécessité une adaptation de la structure de notre personnel. De nombreux membres de la mission se sont vu confier de nouvelles tâches ou ont été réaffectés d'une unité à l'autre. Pour s'acquitter de ses nouvelles missions en matière de crimes internationaux, l'EUAM a déjà identifié une douzaine de membres du personnel qualifiés pour enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité et en poursuivre les auteurs. L'objectif est de disposer de plus de trente experts supplémentaires issus des États membres de l'UE qui se joignent dès que possible aux efforts que déploie l'EUAM en matière de crimes internationaux, afin d'aider nos partenaires ukrainiens à rendre justice aux nombreuses victimes. Ces experts supplémentaires rejoindront la mission à la fois grâce à un appel à contributions normal et grâce au mécanisme de l'équipe d'intervention civile (EIC). Trente-huit candidatures ont déjà été présentées pour les treize postes au sein de l'EIC.

Dans ce contexte, je tiens également à remercier la direction de la capacité civile de planification et de conduite (CPCC) pour son aide précieuse aux fins de la coopération et de la coordination avec les institutions bruxelloises, ainsi que du recentrage des activités de notre mandat pour répondre aux besoins de nos partenaires ukrainiens. Le contrôle de la qualité qu'elle exerce nous a permis de relever efficacement les nouveaux défis liés à la mise en œuvre, tels que le recrutement de conseillers en matière de crimes internationaux.

Enfin, le 18 mai, j'ai été heureux d'être le témoin du retour en Ukraine de la mission, ainsi que de la délégation de l'UE et des nombreuses ambassades des États membres de l'UE. Maintenant que le quartier général de la mission à Kiev a rouvert, l'EUAM va de l'avant et une vingtaine de membres internationaux de la mission ont retrouvé leurs collègues ukrainiens. Nous retournerons progressivement dans le pays au cours de l'été, l'objectif étant que plus de 100 experts internationaux soient revenus en Ukraine d'ici au mois d'août. Nous nous efforcerons en outre de renforcer notre présence régionale.

"Pour que la mission garde toute sa pertinence, il s'est avéré essentiel de maintenir le contact avec nos homologues."

Au début de la guerre, certains de nos collègues ukrainiens locaux de l'EUAM se trouvaient à l'étranger, tandis que d'autres ont été évacués et que d'autres encore sont restés en Ukraine. Je suis fier de la façon dont ils ont travaillé sans relâche dans l'intérêt de leur pays. Collectivement, de nombreux collègues ont été à l'origine de dons privés afin d'aider plus largement leurs homologues ukrainiens et les personnes dans le besoin. Les membres du personnel local de l'antenne de la mission à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, ont également apporté une aide vitale, en coordonnant et organisant l'acheminement de ces dons sur le terrain et en assistant leurs collègues internationaux au sein des équipes de soutien aux frontières.

D'une manière générale, pour que la mission garde toute sa pertinence, il s'est avéré essentiel de maintenir le contact avec nos homologues. Nous devons à présent trouver la meilleure manière de les soutenir par la suite. Notre collaboration antérieure avec le service national des douanes a joué un rôle vital dans l'organisation des activités de soutien aux frontières. Nous avons également été la première institution à fournir une aide au bureau du procureur général en ce qui concerne les crimes internationaux, grâce à notre excellente coopération. Nous avons également soutenu le service de renseignement extérieur et le service de sécurité de l'Ukraine en facilitant les contacts avec les institutions et services compétents de l'UE. Il est désormais essentiel d'approfondir notre coopération dans ce domaine.

L'Ukraine a de nombreux besoins en matière de sécurité, et pas seulement dans le domaine militaire. Depuis le début de l'agression russe, nos partenaires du secteur ukrainien de la sécurité civile ont montré qu'ils jouaient un rôle indispensable dans la défense de leur pays et dans la protection de leurs concitoyens. Ils s'engagent à respecter les valeurs et les normes de l'UE. L'UE doit adapter son soutien pour répondre à leurs attentes.

L'EUAM Ukraine se tiendra aux côtés de l'Ukraine et collaborera avec elle pour atteindre l'objectif commun de rapprocher le pays de l'UE et de faire en sorte que l'Ukraine soit un État indépendant et prospère, dont la population jouit de la liberté, de la paix, des droits de l'homme et de l'État de droit.

 

Antti Hartikainen

Chef de la mission de conseil de l'UE

 

 

Le mandat de l'EUAM Ukraine en bref

En décembre 2014, la mission de conseil de l'UE en Ukraine (EUAM Ukraine) a été créée et des conseillers internationaux ont été amenés dans le pays depuis l'Europe. La révolution Euromaïdan de la dignité en 2013-2014 a aggravé la méfiance de la population ukrainienne à l'égard du gouvernement et des forces de sécurité à la suite d'une série d'événements violents auxquels ont participé des manifestants, la police anti-émeute et des tireurs inconnus dans la capitale Kiev. Le gouvernement ukrainien s'est adressé à l'UE pour qu'elle l'aide à réformer les institutions en charge de l'application de la loi et de l'État de droit ainsi qu'à rétablir la confiance avec la population ukrainienne.

Depuis lors, l'EUAM a travaillé en étroite collaboration avec ses homologues ukrainiens pour mettre en œuvre une réforme durable du secteur de la sécurité civile, en fournissant des conseils stratégiques et un soutien pratique pour des mesures de réforme spécifiques, conformes aux normes de l'UE ainsi qu'aux principes internationaux en matière de bonne gouvernance et de droits de l'homme.

Les États membres de l'UE ont modifié le mandat de l'EUAM pour tenir compte de la guerre d'agression que mène la Russie contre l'Ukraine. La mission soutient désormais les services en charge de l'application de la loi afin de faciliter les flux de réfugiés et l'acheminement de l'aide humanitaire et des exportations agricoles. L'EUAM aide également les institutions en charge de l'État de droit à mener des enquêtes et des poursuites concernant des crimes internationaux.