Sahel: Remarques du haut représentant/vice-président Josep Borrell à l'issue des réunions avec les ministres du Mali, Mauritanie, Niger et Tchad
Seul le texte prononcé fait foi!
J’ai reçu aujourd’hui ici à Bruxelles les ministres du Mali [Abdoulaye Diop], de la Mauritanie [Ismaïl Ould Cheikh Ahmed], du Niger [Hassoumi Massoudou] et du Tchad [Chérif Mahamat Zene]. Quatre pays sahéliens.
En raison d’un manque d’accord entre les pays sahéliens - avec lesquels on s’est entretenu aujourd’hui - sur les participants à la Ministérielle, la présidence tchadienne, après avoir consulté avec ses homologues et en accord avec nous, a décidé de reporter la plénière lorsque les conditions seront à nouveau réunies.
En revanche, j’ai quand même tenu à ce que les entretiens bilatéraux soient maintenus afin d’avoir une discussion franche avec chacun de mes interlocuteurs.
Cette série de rencontres m’a permis de faire le point sur la situation très préoccupante au Sahel et notamment sur les derniers évènements au Burkina Faso et au Mali. Et sur l’extension de la menace vers les pays voisins.
A chacun d’entre eux, à chacun de mes interlocuteurs mon message a été - je l’espère - bien clair : l’UE maintient son engagement au Sahel. Elle en est un partenaire fiable et de longue durée. Les populations ont des besoins urgents en termes de sécurité, d’aide humanitaire et de perspectives sociales et économiques. Les impatiences grandissent - et tôt ou tard ces fragilités nourrissent les mouvements terroristes que nous combattons tous et qui sont une menace pour tous.
Mais un appui extérieur ne suffit pas : la responsabilité première revient aux autorités des pays du Sahel. C’est à ces autorités d’offrir une réponse à leurs citoyens, en déployant les services publics et de base sur l’ensemble du territoire. C’est le sens du sursaut civil et politique que nous avons décidé ensemble à N’Djamena il y a déjà près d’un an et que nous nous sommes engagés collectivement à mettre en œuvre.
En ligne avec les déclarations de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [CEDEAO], j’ai rappelé notre préoccupation majeure suite au déploiement avéré de mercenaires russes au Mali et des risques importants que ceci fait poser sur les populations civiles. Les méthodes de ce groupe sont incompatibles avec nos efforts collectifs en faveur de la sécurité et du développement.
Sur le Mali, j’ai rappelé au ministre des Affaires étrangères, Monsieur Abdoulaye Diop, que l’Union européenne souhaite rester engagée au Mali et au Sahel mais pas à n’importe quel prix : dans cette perspective j’ai demandé au ministre de nous donner des garanties concrètes pour assurer l’efficacité de nos missions d’appui aux forces de sécurité et de défense nécessaires à leur maintien.
J’ai également rappelé que tout changement dans les conditions de travail de Barkhane et Takuba aura inévitablement des conséquences.
Nous appuyons la demande de la CEDEAO auprès des autorités maliennes, pour qu’elles adoptent un calendrier électoral crédible sans tarder.
L’Union européenne est unie dans sa position d’imposer des sanctions individuelles envers ceux qui entravent le processus de Transition au Mali.
L’Union européenne condamne fermement le renversement par la force du Président [Roch] Kaboré du Burkina Faso. Nous rappelons notre attachement au respect des institutions républicaines et au retour rapide de l’ordre constitutionnel.
La libération immédiate de toutes les personnes illégalement détenues, à commencer par le Président [du Burkina Faso, Roch] Kaboré lui-même, est essentielle.
Dans ce contexte régional charnière, je me réjouis de poursuivre notre coopération solide et fructueuse avec le Niger et la Mauritanie. Nous avons pris acte de l’évolution positive de la Transition au Tchad que nous continuerons de soutenir.
Et par-dessus tout, l’Union européenne est déterminée à continuer son appui aux populations du Sahel.
Lien vers la vidéo : https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-217435