Une élection bien organisée et ouverte qui a montré la solidité des institutions démocratiques sénégalaises, de même qu’un besoin accru de transparence
A la suite de la révision du calendrier électoral fixant l’élection présidentielle au 24 mars au lieu du 25 février comme initialement prévu, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne au Sénégal (MOE UE), déployée dans le pays depuis le 13 janvier à l’invitation des autorités sénégalaises, disposait le jour du scrutin de 100 observateurs présents dans 406 bureaux de vote répartis dans 40 des 46 départements du Sénégal.
La journée électorale s’est déroulée dans le calme et de manière bien organisée. Le vote a été évalué très positivement par les observateurs et les procédures ont été généralement respectées dans les bureaux de vote observés où le dépouillement a été effectué de manière transparente.
La MOE UE note que la décision le 3 février de reporter l’élection sine die a entraîné des manifestations ayant fait quatre morts, tout en relevant que l’intervention du Conseil constitutionnel, la convocation des électeurs pour le 24 mars et la libération du candidat Bassirou Diomaye Faye ont contribué à l’apaisement.
« Le processus électoral a été fortement impacté par une crise politique majeure dont le pays est sorti par le haut grâce à la résilience de l’état de droit et une élection ouverte et bien organisée », a déclaré Malin Björk, Cheffe de la MOE UE.
Cependant, la Mission observe certains éléments du processus électoral qui mériteraient d’être revus. « Un jeune sur deux âgé de 18 à 30 ans n’est pas inscrit sur le fichier électoral, et plus de 40 % des cartes d'électeur issues de la dernière révision des listes électorales n’ont pas pu être délivrées », regrette Malin Björk, qui souligne par ailleurs que «certaines informations-clés sur le fichier électoral et la carte électorale n’ont pas été rendues facilement accessibles, en dépit d’un besoin accru de transparence du processus électoral ».
La MOE UE a constaté que le processus électoral était ouvert, avec 19 candidatures en lice à l’issue d’une procédure de validation cependant contestée par certains candidats. Par ailleurs, l’absence d’encadrement du financement de la campagne électorale constitue une lacune importante qui entrave l’égalité des chances entre candidats.
La campagne électorale s’est déroulée dans un climat généralement apaisé, mais la réduction de sa durée à 14 jours au lieu de 21 prévus a affecté la capacité des candidats à se déployer sur l’ensemble du territoire.
Sur fond de dégradation sévère de la liberté d’expression et de la presse, les médias ont globalement assuré leur rôle d’information des électeurs et de visibilité des candidats, malgré la détention de l’un d’entre-deux, l’absence de débats entre candidats et le traitement privilégié du gouvernement par les médias publics. En dehors des suspensions temporaires d’internet imposées par les autorités en février, les plateformes digitales et les réseaux sociaux ont positivement contribué à garantir aux citoyens un accès à l’information.
« Je salue la force de la démocratie sénégalaise et rappelle dans ce contexte l’importance de la liberté d’expression et de la presse comme éléments essentiels des systèmes démocratiques », souligne Javier Nart, Président de la Délégation d’observation électorale du Parlement européen.
La MOE UE, composée d’observateurs des 27 États membres de l'UE, ainsi que du Canada, de la Norvège et de la Suisse, inclut une délégation de cinq députés du Parlement européen. La Mission reste au Sénégal pour observer les développements post-électoraux.
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