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#VuDuTerrain | Mission de formation de l'UE en Somalie: renforcer la défense et la sécurité dans le pays

22.07.2022 StratComm

Les Somaliens sont des gens intelligents, avisés, curieux, qui apprennent vite. Toutefois, les sentiments et les perceptions reposent sur une confiance commune, qu'il faut obtenir pour construire une relation de travail avec notre hôte: nous sommes un pont entre deux rivières, deux environnements culturels différents et deux pays.

 

La Somalie est une démocratie fragile, qui sort d'une dictature longue de plus de vingt ans, d'une guerre civile et est confrontée à la montée de l'extrémisme religieux. La fragilité des conditions de sécurité causée par la lourdeur et la complexité du processus électoral, conjuguée aux tensions profondément ancrées entre les acteurs politiques et à la menace imminente que représente Al-Chabab sont autant de facteurs qui ont une influence sur les travaux de l'EUTM Somalia.

Depuis 2010, la mission militaire de l'UE en Somalie (EUTM Somalia) a contribué à renforcer le gouvernement fédéral de Somalie et les institutions de défense et de sécurité dans le pays, en offrant des activités de formation, de mentorat et de conseil. L'EUTM Somalia est l'une des trois missions et opérations relevant de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l'UE dans la Corne de l'Afrique, parallèlement à l'opération navale EUNAVFOR Atalanta au large des côtes somaliennes et à la mission civile EUCAP Somalia. Dans le cadre de son mandat, elle soutient le développement des forces armées nationales somaliennes (FANS), y compris les relations de commandement et de contrôle (C2), les structures générales ainsi que le concept et les structures logistiques.

La refondation des institutions somaliennes est un défi permanent, bien que la Somalie commence à progresser sur la voie de sa reconstruction en tant qu'État. "Le chemin est ardu et semé d'embûches et de difficultés", admet le commandant de force de l'EUTM Somalia, Roberto Viglietta, général de brigade de l'armée italienne, "pourtant, malgré les difficultés, la Somalie a élu pour la quatrième fois, le 15 mai 2022, le président de l'État fédéral".

"C'est un fait qui a son importance", en particulier si l'on tient compte de l'instabilité politique dans les États africains environnants, où, très souvent, la politique de rapports de force et la violence politique jouent un grand rôle pour exercer le pouvoir. "Aujourd'hui, la Somalie est gouvernée par le pouvoir politique", souligne le général de brigade Roberto Viglietta, "ce qui est déjà un progrès sachant d'où vient le pays".

Les forces nationales de sécurité somaliennes jouent un rôle important pour garantir la stabilité et la paix dans le pays et apportent un soutien supplémentaire aux forces de la mission de transition de l'Union africaine en Somalie (ATMIS) afin de surmonter les difficultés et de créer un environnement sûr et sécurisé dans le pays, "condition sine qua non de tout succès éventuel", souligne le général de brigade Roberto Viglietta.

Toutefois, d'importants défis subsistent pour que les forces armées somaliennes deviennent le facteur de stabilité dont le pays a besoin. Bien que les forces armées du pays connaissent une expansion, la vision qui sous-tend cette expansion est fragile, l'accent étant mis sur les compétences individuelles et le courage ainsi que sur l'augmentation du nombre de soldats et de fusils, plutôt que sur le renforcement des facilitateurs, des structures de commandement et de contrôle et des opérations planifiées ou fondées sur le renseignement, qui sont davantage susceptibles de favoriser la stabilité à long terme.

"L'armée somalienne reste un monde de héros plutôt que de soldats", admet le général de brigade Viglietta. "Notre rôle, le rôle de l'EUTM Somalia, est d'agir en tant que facteur de changement". Cela implique de renforcer les capacités au moyen de conseils et de formations d'ordre stratégique destinés aux autorités somaliennes au sein des institutions de sécurité de la région de Mogadiscio, ainsi que de fournir des services de mentorat, des conseils et des capacités de formation spécifiques. "Nous aidons les autorités somaliennes à mettre en place des forces armées modernes capables d'assurer la stabilité et la sécurité pour leur population. Cela nécessite une formation et la mise en place des capacités et des compétences adéquates pour ce faire".

Le Lieutenant-colonel Umberto Salvador est un conseiller de l'armée italienne. Son travail consiste à fournir des conseils stratégiques à ses homologues somaliens. "C'est une tâche difficile", admet-il, "car vous devez adapter vos capacités aux besoins de votre auditoire. Quand je dois conseiller quelqu'un, je dois faire attention non seulement à ce que je suis en mesure de partager avec lui ou elle, mais également à son appartenance culturelle et religieuse et à sa formation militaire."

En parlant avec le personnel somalien, "vous pouvez percevoir la volonté d'apprendre et d'appliquer vos conseils, mais également le sentiment latent de suspicion à l'égard de l'étranger d'une population qui sort de 30 ans de guerre', explique Umberto Salvador. "Mon expérience en tant que conseiller du personnel du ministère de la défense me montre que les Somaliens sont des gens intelligents, avisés, curieux, qui apprennent vite. Toutefois, les sentiments et les perceptions reposent sur une confiance commune, qu'il faut obtenir pour construire une relation de travail avec notre hôte: nous sommes un pont entre deux rivières, deux environnements culturels différents et deux pays". Dispenser des conseils aux Somaliens fait partie du travail de la mission, "mais leur avenir reste entièrement entre leurs mains" souligne le Lieutenant-Colonel.

Un deuxième élément central du mandat de l'EUTM est la formation militaire. La capitaine Victoria Alejandre Terroba forme des soldats somaliens depuis plus de 4 mois. "La mission que nous menons ici est vitale pour les forces armées nationales somaliennes", explique la capitaine, qui reconnaît qu'une bonne préparation est essentielle pour que les forces armées assurent la stabilité. Tous les stagiaires ne disposent pas de la même formation militaire, ce qui constitue un défi pour les formateurs. "Nous les voyons arriver le premier jour de la formation avec des connaissances nulles ou très limitées, mais ils quittent le centre de formation avec une bonne maîtrise des fondamentaux dans leurs domaines, ce qui leur permet de transmettre la formation à d'autres membres des forces armées", souligne la capitaine Victoria Alejandre.

Si dans certains cas les étudiants n'ont qu'une formation militaire limitée, dans d'autres, les stagiaires ont peu ou pas de compétences en écriture et en lecture. "C'est à ce moment là que les formateurs doivent essayer de faire de leur mieux pour que chaque stagiaire comprenne ce qui leur est enseigné ainsi que les objectifs généraux du cours", déclare la capitaine. La partie gratifiante de la formation survient lorsque les stagiaires terminent le cours et atteignent les principaux objectifs, qui peuvent être très différents selon le cours qu'ils ont suivi: devenir chef de peloton, commandant de compagnie, analyste du renseignement ou chercheur d'engins explosifs improvisés (EEI).

La cheffe de bataillon Anna Maria Puolakka, de l'armée finlandaise, se rallie à ce point de vue en soulignant les nombreux avantages de la formation militaire de l'UE et de la coopération avec la Somalie. "Les personnes avec lesquelles je travaille sont véritablement dévouées à leur travail et veulent vraiment améliorer les compétences et les capacités des forces armées nationales somaliennes et de leurs membres", souligne-t-elle.

Mentor de profession, une part importante de son rôle consiste à répondre aux besoins des forces armées somaliennes, à contribuer à définir l'avenir de la formation et à étudier, en collaboration avec les formateurs des forces armées somaliennes, les moyens d'atteindre les objectifs envisagés en matière de formation et d'éducation. "Une grande partie du travail accompli aujourd'hui portera ses fruits dans les années à venir", indique-t-elle, ajoutant que "le mentorat est toujours une question de coopération, de collaboration et de relation dans le but de développer et d'améliorer les compétences et les capacités du partenaire. C'est la raison de notre présence ici: aider nos partenaires somaliens à construire, par et pour eux-mêmes, leur avenir".