UpM: déclaration conjointe de la coprésidence (Jordanie et Union européenne) sur le cinquième Forum régional de l’Union pour la Méditerranée
Les ministres des affaires étrangères de la région euro-méditerranéenne se sont réunis pour le 5e Forum régional, à l’occasion du 25e anniversaire de la déclaration de Barcelone, afin de réaffirmer leur ferme attachement à ses valeurs et principes et de renouveler leur engagement à renforcer la coopération dans la région dans l’intérêt de la paix, de la stabilité, du développement et d’une prospérité partagée.
En 2008, l’Union pour la Méditerranée (UpM) a donné un nouvel élan au processus de Barcelone par l’établissement d’un cadre institutionnalisé doté d’un modèle de gouvernance spécifique pour promouvoir la coopération, l’intégration et le dialogue régionaux dans des domaines clés. Les axes originaux du processus de Barcelone, à savoir le «partenariat politique et de sécurité», le «partenariat économique et financier» et le «partenariat dans les domaines social, culturel et humain», demeurent une base précieuse pour la coopération dans la région méditerranéenne. La «feuille de route pour l’action» de 2017 reste le cadre stratégique global dans lequel s’inscrivent les travaux de l’UpM.
L’anniversaire important de cette année a été l’occasion de se pencher sur les 25 années écoulées et d’envisager l’avenir avec une vision renouvelée. Les ministres ont reconnu l’ampleur et la nature des défis régionaux actuels et ont réaffirmé leur soutien aux travaux de l’UpM visant à trouver des réponses communes aux situations difficiles auxquelles nous sommes confrontés par les temps qui courent.
La paix et la stabilité restent les principaux objectifs des membres de l’UpM. L’UpM peut contribuer à la réalisation de ces objectifs dans la région méditerranéenne en créant, par le dialogue et la coopération, un environnement politique propice à la résolution, dans les enceintes concernées et sur la base de paramètres convenus, des conflits et des tensions politiques qui touchent ses membres. La nécessité de redoubler d’efforts pour résoudre les conflits et les crises qui privent la région de son droit à la paix et à la stabilité a été soulignée.
Dans ce contexte, les ministres ont encouragé toutes les mesures qui contribuent à créer des horizons politiques pour parvenir à une paix juste et globale au Moyen-Orient et relancer des négociations efficaces en vue de résoudre le conflit israélo-palestinien sur la base d’une solution fondée sur la coexistence de deux États et dans le respect du droit international. Il importe que les deux parties évitent les décisions susceptibles de saper la confiance, notamment la construction de nouvelles colonies. L’importance de maintenir le statu quo historique pour les lieux saints de Jérusalem, y compris en ce qui concerne la tutelle hachémite, a été rappelée. Le rôle indispensable de l’UNRWA et la nécessité de lui apporter un soutien politique et financier pour lui permettre de continuer à exercer le mandat que lui ont confié les Nations unies ont eux aussi été réaffirmés.
Les ministres ont également exprimé leur soutien aux efforts déployés par les Nations unies pour trouver une solution politique à la crise libyenne sur la base des résolutions correspondantes de l’ONU et ont salué les initiatives régionales qui s’inscrivent dans ces efforts. L’objectif est de préserver l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Libye, afin de mettre un terme à toute ingérence étrangère et de parvenir à une réconciliation nationale, ainsi qu’à une paix et à une stabilité durables. À cet égard, les progrès accomplis récemment dans le cadre du comité conjoint de sécurité et du forum de dialogue politique libyen sont encourageants et appréciés.
La nécessité de trouver une solution politique à la crise syrienne qui préserve l’intégrité territoriale du pays, rétablit la paix et la stabilité et crée les conditions d’un retour sûr, volontaire et digne des réfugiés, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU, a elle aussi été soulignée. Un soutien sans réserve a été exprimé à l’envoyé spécial des Nations unies, Geir Pedersen, et aux efforts qu’il déploie pour faciliter les progrès au sein de la commission constitutionnelle dirigée par les Syriens sous l’égide des Nations unies. Toutes les parties ont été invitées à s’engager de bonne foi dans les travaux de cette commission, et la tenue du quatrième cycle de négociations à Genève le 30 novembre 2020 a été saluée.
Les multiples conséquences de la pandémie de COVID-19 suscitent également de vives inquiétudes. Aussi existe-t-il un consensus général sur la nécessité d’intensifier nos efforts pour contenir la pandémie en renforçant la coopération en matière de recherche et d’innovation et en échangeant des informations et des connaissances scientifiques, notamment en vue de garantir un accès mondial aux vaccins et d’atténuer les effets de la pandémie sur la croissance économique, l’emploi et la cohésion sociale. Il est important de faire preuve de solidarité et de mobiliser des ressources et des capacités en vue d’une reprise durable, après la pandémie, qui ouvre la voie à la création de sociétés et d’économies plus résilientes dans la région.
Le Forum régional de cette année a mis en évidence le rôle joué par la société civile en 25 ans de partenariat euro-méditerranéen. À cet égard, la Fondation Anna Lindh, qui est la seule organisation euro-méditerranéenne réunissant des acteurs de la société civile de l’ensemble du bassin méditerranéen, joue un rôle important dans la promotion du dialogue interculturel. L’Assemblée parlementaire de l’UpM et l’ARLEM doivent également continuer à jouer leurs rôles respectifs, consistant à renforcer la coopération interparlementaire, à faire mieux entendre la voix des collectivités locales et régionales et à promouvoir la territorialisation des politiques sectorielles euro-méditerranéennes.
Les citoyens de la région sont de plus en plus exposés à la désinformation à grande échelle, et notamment à des informations trompeuses et totalement fausses. Il importe de mener des actions de sensibilisation et de renforcer la coopération avec les parties prenantes concernées dans ce domaine, notamment le secteur privé et les plateformes en ligne, afin de lutter contre la désinformation et d’améliorer la tolérance et la communication stratégique. Par ailleurs, les ministres ont souligné l’importance de combattre le terrorisme, l’extrémisme et la culture de la haine qui cherche à nous diviser, et se sont déclarés solidaires s’agissant de faire front contre tous les actes qui alimentent la haine. Les ministres ont plaidé en faveur d’efforts supplémentaires pour lutter contre les stéréotypes négatifs, l’intolérance, la culture de la haine, la stigmatisation, la discrimination et l’utilisation de la violence fondée sur la religion ou les convictions et pour promouvoir à la place l’harmonie et le respect de l’autre.
Forts de l’expérience acquise au cours des 25 dernières années, les ministres ont reconnu la nécessité de donner la priorité aux domaines d’action dans lesquels l’UpM peut jouer un rôle essentiel et présenter des avantages comparatifs et ont convenu d’axer les travaux de l’UpM au cours des prochaines années sur les domaines spécifiques suivants:
- L’action pour l’environnement et le climatNous devons redoubler d’efforts pour nous attaquer aux causes profondes du changement climatique en promouvant des économies – efficaces dans l’utilisation des ressources – qui sont durables, vertes, sobres en carbone et circulaires, et pour inverser la perte spectaculaire de biodiversité dans la région méditerranéenne. C’est pourquoi nous avons salué l’initiative relative à un plan d’action visant à faire de la Méditerranée une mer modèle d’ici à 2030, qui sera lancée lors du sommet «One Planet».
- Un développement économique et humain durable et inclusifLa fragmentation de la région s’est accrue au cours de l’année écoulée et l’écart s’est creusé entre les pays des rives septentrionale et méridionale. Les efforts doivent surtout porter sur les défis cruciaux en matière d’emploi, principalement pour les jeunes, ainsi que sur la question importante de l’investissement, afin de relever les défis majeurs dans ce domaine spécifique. Nous devons exploiter l’important capital humain et les vastes ressources naturelles de notre région pour qu’elle puisse déployer tout son potentiel. Nous devons accroître les échanges commerciaux, qui seront essentiels pour l’avenir de nos pays, en particulier maintenant que la pandémie de COVID-19 nous a durement frappés. L’économie bleue peut également être un moteur important, car elle a la capacité de soutenir la croissance et la durabilité dans le bassin méditerranéen. Par conséquent, l’UpM intensifiera le dialogue régional dans ce domaine et organisera une 2e réunion ministérielle de l’UpM sur l’économie bleue à Malte en 2021.
- L’inclusivité sociale et l’égalité en tant qu’élément essentiel du développement socio-économique de la régionÀ cet égard, l’importance d’associer pleinement les jeunes générations, d’autonomiser les femmes et de promouvoir l’égalité des sexes, sur le plan des droits et des perspectives, et de créer un espace dévolu à la société civile a été particulièrement soulignée.
- La transformation numériqueLa numérisation constitue un instrument capital sur la voie d’un développement économique intelligent, novateur et durable, qui facilitera également les interconnexions commerciales dans la région et pourrait devenir un outil essentiel pour lutter contre le chômage des jeunes.
- La protection civileLa plateforme de l’UpM sur la protection civile devrait jouer un rôle clé dans le débat sur les défis communs et les actions concrètes à mettre en place dans le cadre du plan d’action pour la protection civile en vue d’une coopération euro-méditerranéenne renforcée en ce qui concerne les campagnes de prévention, la réaction d’urgence et la gestion des crises.Des conférences ministérielles auront lieu dans les mois à venir sur les thèmes de l’environnement et de l’action pour le climat, de l’économie bleue durable et de l’énergie.
Eu égard à ces objectifs, les ministres ont réaffirmé qu’il importait de mobiliser des ressources financières suffisantes pour permettre la mise en œuvre de projets estampillés «UpM» et ont rappelé qu’ils s’engageaient à soutenir le secrétariat de l’UpM, notamment par des contributions plus équilibrées et plus prévisibles à son budget.
Dans le but de favoriser une identité méditerranéenne commune et d’accroître la visibilité et l’appropriation de la coopération régionale, le 28 novembre a été proclamé «Journée de la Méditerranée». La Journée de la Méditerranée, qui coïncide avec la date de la déclaration de Barcelone, sera l’occasion d’organiser des manifestations culturelles dans toute la région en vue de renforcer les liens, de promouvoir les échanges et le dialogue interculturels et de soutenir la diversité de la région.