Lettre ouverte aux professionnels des médias et journalistes emprisonnés en Biélorussie, par Eamon Gilmore, représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme
Chers journalistes et professionnels des médias biélorusses,
En ce jour, nous nous souvenons de Vitold Ashurak et demandons une enquête sur les circonstances et la cause de sa mort en prison.
En ce jour également, l’Union européenne souhaite rappeler votre propre emprisonnement et vos souffrances. Nous tenons à vous assurer que nous continuons d’évoquer, à chaque occasion, tous ceux qui sont emprisonnés en Biélorussie pour avoir fait leur travail de journaliste ou pour s’être exprimé sur la situation politique en Biélorussie.
Ces derniers mois, nous avons attiré l’attention des autorités biélorusses et du reste du monde sur les conditions de détention déplorables que vous endurez.
Nous réitérons notre appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques. Votre détention témoigne non pas de la force du régime de Loukachenko, mais de sa faiblesse, car il craint la vérité et ne peut gérer la liberté d’expression.
Je suis conscient qu’il s’agit d’une période difficile pour vous, votre famille et vos amis. Je veux que vous sachiez que votre famille européenne se tient à vos côtés dans la quête de la démocratie. Je suis convaincu que cet effort l’emportera.
Je vous apporte tout mon soutien et vous assure que nous poursuivrons nos efforts pour obtenir votre liberté.
Cordialement,
Eamon Gilmore
Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme
Noms des journalistes et professionnels des médias emprisonnés en Biélorussie:
- Katsiaryna Andreyeva, journaliste
- Darya Chultsova, journaliste
- Ihar Losik, blogueur et consultant média
- Siarhei Hardziyevich, journaliste
- Kseniya Lutskina, journaliste
- Andrei Aliaksandrau, journaliste et responsable média
- Dzianis Ivashyn, journaliste d'investigation
- Andrzej Poczobut, journaliste
- Maryna Zolatava, rédactrice et responsable média
- Liudmila Chekina, responsable média
- Alena Talkachova, journaliste
- Valeryia Kastsiuhava, blogueuse, rédactrice et politologue
- Aliaksandr Ivulin, journaliste
- Yahor Martsinovich, journaliste, rédacteur et responsable média
- Andrei Skurko, rédacteur et responsable média
- Iryna Leushyna, journaliste et responsable média
- Dzmitry Navazhylau, responsable média
- Henadz Mazheika, journaliste
- Iryna Slaunikava, responsable média
- Andrei Kuznechyk, journaliste
- Siarhei Satsuk, journaliste d’investigation et rédacteur
- Aleh Hruzdzilovich, journaliste
- Aksana Kolb, journaliste et responsable média
- Yury Hantsarevich, journaliste
- Dzmitry Luksha, journaliste
- Kanstantsin Zalatykh, responsable média
Contexte
Le 21 mai est la Journée des prisonniers politiques en Biélorussie.
Lors de cette même journée en 2021, le militant Vitold Ashurak est décédé en prison dans des circonstances suspectes. La cause du décès n’a pas encore été établie. Le régime autocratique d’Alexandre Loukachenko a emprisonné des milliers de personnes pour des raisons politiques. Actuellement, plus de 1 200 personnes derrière les barreaux sont reconnues comme prisonniers politiques. Certaines d’entre elles ont été condamnées pour avoir participé à des manifestations, d’autres sont des bénévoles, des coordinateurs, des responsables de la société civile et des militants politiques en quête d’une Biélorussie libre et démocratique. À l’heure actuelle, 26 professionnels des médias et journalistes sont en prison pour avoir fait leur travail: rendre compte des faits. Aujourd’hui, ils sont coupés de la société et qualifiés d’«extrémistes», de «danger pour la société», et bien plus encore. Détenus sous de faux chefs d’accusation, ils subissent des traitements inhumains et dégradants, voire des tortures.
Fait encore plus préoccupant, le régime de Loukachenko a récemment introduit la peine de mort pour «tentatives d’actes de terrorisme», ouvrant la porte à d’autres abus graves. Bon nombre des accusés sont jugés dans le cadre de procès secrets, inéquitables et biaisés, souvent sous des chefs d’accusation factices et sans garanties juridiques. Aujourd’hui, ils risquent également la peine de mort.
J’écris aujourd’hui aux professionnels des médias et aux journalistes emprisonnés pour leur exprimer mon soutien et ma solidarité. Ces prisonniers politiques doivent savoir que nous ne les oublions pas. Après avoir falsifié les élections présidentielles de 2020, Loukachenko poursuit sa guerre contre la société biélorusse. Nous nous opposons au régime répressif de Loukachenko, qui non seulement viole les droits humains de son propre peuple, mais soutient et encourage l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie.
Exprimez avec moi votre soutien et votre solidarité envers les plus de 1 200 prisonniers politiques. Écrivez-leur pour leur assurer que leurs souffrances ne seront pas vaines. En savoir plus sur les prisonniers politiques et savoir comment leur écrire.