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Algérie : Déclaration à la presse du haut représentant/vice-président Josep Borrell après l’audience avec le Président Abdelmadjid Tebboune

13.03.2023
Alger

Seul le texte prononcé fait foi ! 

 

Bonjour, 

Je suis très heureux d'être ici en Algérie, qui est un partenaire stratégique de l’Union européenne, et un acteur incontournable dans notre voisinage commun.  

C’est ma première visite en tant que haut représentant de l’Union Européenne et j’aimerais remercier le Président [de l’Algérie, Abdelmadjid] Tebboune, ainsi que le Premier Ministre [Aïmene] Benabderrahmane pour l’accueil très chaleureux qu’ils m’ont réservé. Nous venons d’avoir des échanges très ouverts et très constructifs. 

Nous sommes exposés de façon croissante à des défis communs - l’Union européenne et l’Algérie - et nous avons construit au fil des années un partenariat solide qui bénéficie aux deux parties. C’est un partenariat fondé aussi et surtout sur les liens humains, historiques, culturels qui unissent nos peuples.  

Nous - l’Union européenne et l’Algérie - coopérons déjà beaucoup, étroitement dans des secteurs qui sont d’intérêt commun. Et je suis ici pour discuter de la meilleure façon de faire avancer notre relation davantage, ensemble, en exploitant au mieux tout notre potentiel, tout le potentiel de cette relation, qui est à la fois culturelle, politique et économique. 

Permettez-moi de souligner quelques domaines spécifiques : d’abord, l’énergie est sans doute un domaine où nous avons un partenariat qui fonctionne bien. [Environ] 90% des exportations de gaz algérien partent vers l’Europe, et nous savons que nous pouvons compter sur l’Algérie, qui est un partenaire fiable et il l’a été dans des moments difficiles.  

Nous souhaitons développer cette relation ensemble avec l’Algérie, pas seulement pour le présent, pas seulement pour le gaz aujourd'hui, mais en regardant vers le futur, en privilégiant les investissements européens dans le secteur des énergies renouvelables. C’est le futur. Ce futur là pour l’Algérie est très prometteur, puisque l’Algérie a un énorme potentiel dans le domaine des énergies renouvelables.   

Côté commerce : plus de la moitié du commerce extérieur algérien se fait avec nos États membres - 56% des exportations et 43% des importations. Mais nous savons, les uns et les autres, que nous pouvons faire mieux. Il nous faut commencer par trouver une solution aux limites actuelles. Je pense, par exemple, aux entraves introduites depuis juin 2022 [par l’Algérie] aux échanges commerciaux avec l’Espagne, qui doivent trouver une solution. Je pense aussi aux contraintes qui entravent les investissements Européen en Algérie, qui ont un impact direct sur la mise en œuvre de notre Accord d’association [UE-Algérie]. Trouver une solution a tout cela est dans notre intérêt commun.  

La lutte contre la corruption et contre le blanchiment d’argent constitue également une priorité importante, tant pour l’Union européenne que pour l’Algérie. Nous avons échangé sur ce sujet et sur les questions de la restitution des ‘avoirs mal acquis’ et des transferts financiers illicites, et je suis absolument convaincu de la nécessité de renforcer notre coopération dans ce domaine. La volonté du gouvernement algérien de travailler sur les ‘avoirs mal acquis’ c’est quelque chose qu’aura la coopération de l’Union Européenne. 

Nous avons discuté aussi de nos défis géopolitiques, régionaux et internationaux : 

Nous avons parlé du Maghreb et de l’instabilité dans la région du Sahel, et dans le Golfe de Guinée, qui nous préoccupe de plus en plus. Nous avons aussi longuement évoqué le processus de paix et la situation au Moyen Orient qui nous inquiète beaucoup, avec des violences qui menacent d’engendrer une nouvelle escalade de violence dans les territoires occupées en Palestine. Le président m’en a longtemps parler. Nous devons redoubler nos efforts, pour apaiser les tensions dans l’immédiat, mais aussi pour réouvrir un horizon politique au processus de paix.  

Et dans ce contexte, j’ai échangé avec mes interlocuteurs algériens sur notre initiative conjointe avec le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal [bin Farhan], et le Secrétaire Général de la Ligue arabe, Aboul Gheit, pour explorer les moyens de relancer les efforts de paix et préserver les perspectives d’une solution à deux États. Tout le monde, sauf le gouvernement d’Israël, le réclame, et c’est pour nous la seule solution viable. 

Et pour tout ceci, l’Algérie est un acteur clé dans la région et au-delà. Nous apprécions son engagement au sein de la Ligue Arabe comme au sein de l’Union Africaine. Je pense aussi au rôle majeur que l’Algérie a joué pour la paix au Mali – à travers les accords d’Alger de 2015 qu’il faut encore mettre en œuvre. 

Nous nous sommes aussi entretenus sur l’agression injustifiée de la Russie contre l’Ukraine. J’ai souligné que ce conflit n’est pas uniquement une guerre européenne. Elle se tient sur le territoire européen, mais c’est un défi majeur pour le monde entier, puisqu'il s’agit d’une attaque aux fondements du droit international. Et pour cette raison, l’Union européenne soutient l’Ukraine de façon politique, militaire, financière et humanitaire. Et nous continuerons à le faire autant que possible, autant que nécessaire, et aussi autant qu’il le faudra. J’invité l’Algérie à se joindre aux efforts engagés pour arrêter cette guerre injustifiable et atténuer son impact économique et humain sur le monde entier. 

J’ai aussi salué l’élection de l’Algérie au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Être membre du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies est très important, il s’agit d’une institution très importante et le fait d’y siéger comporte des responsabilités particulières en matière de promotion et de protection des droits humains, y compris la protection de droits fondamentaux comme la liberté de la presse et la liberté d’expression. Nous serons heureux de travailler ensemble avec l’Algérie sur ces sujets – pour nous très important et qui nous préoccupent. 

Enfin, la dernière référence, mais ce n'est pas la moins importante, au contraire, je pense que c'était important de dire que nous avons convenus de relancer notre Dialogue de haut niveau en matière de sécurité. Les premières réunions vont se tenir avant la fin de l’année. Ceci prouve que l’Algérie est un partenaire de confiance et un acteur clé dans la lutte contre le terrorisme dans notre voisinage commun. 

Vous avez une énorme histoire de lutte contre le terrorisme et nous voulons développer une vision globale et stratégique de ces menaces, anciennes et nouvelles, coordonner et soutenir mutuellement les actions sécuritaires, et joindre nos efforts pour renforcer la stabilité de notre environnement et notre voisinage commun, et je pense en particulier au Sahel.  

Comme vous le voyez, les sujets pour approfondir notre partenariat sont nombreux. Nous avons la volonté de le faire. J'espère que ce voyage et ces rencontres serviront ces propos. Je veux remercier encore une fois la chaleur de la réception que j'ai eu l'honneur de recevoir pendant cette visite en Algérie, trop courte, il faudra qu’elle soit suivie d'autres dans le cadre de ces travaux communs, pour développer les possibilités de bâtir une coopération plus étroite et de nous parler franchement de tous les sujets qui nous préoccupent les uns et les autres.  

Merci beaucoup.  

Shukran. 

Link to the video: https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-238645  

Nabila Massrali
Spokesperson for Foreign Affairs and Security Policy
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Gioia Franchellucci
Press Officer for Foreign Affairs and Security Policy
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