Un programme de l’ONU et de l’UE pour une agriculture responsable
Comment aider les déplacés à vivre décemment, tout en profitant aux populations locales ? De cette question laissée trop longtemps en suspens est né le programme « Renforcer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des communautés d’accueil et des réfugiés syriens en Jordanie et au Liban grâce à la promotion du développement agricole durable ». Ce projet a été initié en octobre 2019 par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), grâce à un financement de l’Union européenne (UE). Dans ce cadre, l’UE a injecté, depuis octobre 2019, 25 millions de dollars pour soutenir les communautés agricoles libanaise et jordanienne les plus vulnérables. 2 170 agriculteurs au Liban et 1 900 autres en Jordanie ont pu en bénéficier. Il est mis en œuvre au Liban par le ministère de l’Agriculture, la FAO et le PAM, et en Jordanie par le Fonds international de développement agricole (FIDA). D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le Liban abrite aujourd’hui 1,5 million de réfugiés syriens, ce qui en fait le deuxième pays d’accueil après la Turquie. Principalement implantés dans les régions agricoles, comme le Akkar et la Békaa, les réfugiés, de toutes nationalités confondues, représentent 30 % de la population. Dans ces régions, la plupart des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté. Les réfugiés travaillant les champs agricoles représentent 27 à 35 % de la force de travail.
Garantir une agriculture raisonnée
L’objectif du programme est de renforcer l’inclusion socio-économique et la cohésion des populations affectées par la crise syrienne en Jordanie et au Liban au travers du développement de l’agriculture locale. Concrètement, cela consiste en des aides financières, des formations à la gestion agricole, des dons de matériel, ou encore la réhabilitation et la valorisation des terres au travers de l’irrigation et de la construction d’infrastructures.
Propriétaire d’une ferme à Taran, au Liban-Nord, Ahmad Moustapha Trad confie à L’Orient-Le Jour qu’en plus de le financer, « les Nations unies (lui) ont appris à prendre soin de (s)a ferme, de (s)es plantations, à utiliser des outils et à irriguer (s)es terres ».
« Malgré tous les événements récents au Liban, le projet, entamé en pleine révolution d’octobre, a pu être ajusté aux besoins des acteurs locaux », explique à L’OLJ Dany Lichaa el-Khoury, chef du projet à la FAO. « Il s’agit pour la FAO et le PAM de soutenir les agriculteurs pour qu’ils emploient, à terme, des déplacés syriens », ajoute-t-il. Alors, pour garantir que les agriculteurs viennent à leur tour en aide aux populations vulnérables, la FAO et le PAM assurent un suivi au cas par cas. C’est par ce pacte de confiance que la mise en place d’une agriculture vertueuse et durable est rendue possible.