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Répondre aux besoins des femmes migrantes à Djibouti

24.03.2022

S’il est l’un des plus petits États d’Afrique, Djibouti est aussi un pays de transit clé pour les flux migratoires traversant le golfe d’Aden et la mer Rouge dans les deux sens. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ce sont quelques 9000 migrant·e·s qui arrivent dans le pays ou le traversent chaque mois. Provenant majoritairement d’Éthiopie et de Somalie, la plupart des migrantꞏeꞏs partent pour l’Arabie saoudite ou d’autres pays du Moyen-Orient à la recherche de meilleurs moyens de subsistance.

Les femmes particulièrement en danger

Les femmes migrantes sont particulièrement vulnérables. Sans statut régulier, elles sont exposées à l’exploitation économique et aux abus physiques. Pour leur venir en aide, l’Union européenne soutient l’Union nationale des femmes djiboutiennes (UNFD).

« Près de la moitié des migrants sont des femmes et des filles qui font face à des difficultés spécifiques et qui voient leur protection compromise pendant le transit ; cela comprend la séparation des familles, le stress et les traumatismes psychosociaux, les complications affectant leur santé – notamment pour les femmes enceintes, les dommages et atteintes à l’intégrité physique », explique Fatouma Houssein de l’UNFD.

Elle effectue régulièrement des missions dans des localités abritant des camps de migrants, comme à Ar-Aoussa dans le sud de Djibouti. « J’ai rencontré beaucoup de femmes éthiopiennes qui sont revenues du Yemen où elles ont subi toutes sortes de violence de la part des trafiquants. Nombre d’entre elles ont fait l’objet d’abus sexuels, ou on leur refusait de la nourriture. »

Fournir un soutien psychologique aux femmes migrantes

L’UNFD est un acteur majeur de l’assistance et de la protection fournies aux femmes migrantes à Djibouti : « Nous sensibilisons les femmes migrantes à leurs droits et à leurs possibilités d’obtenir une aide », affirme Roukia Ali Djama, coordinatrice des projets de l’UNFD. « Celles qui en ont besoin reçoivent un soutien psychosocial devant les aider à surmonter les traumatismes subis pendant leur voyage », ajoute-t-elle.

« Nous entretenons une cellule d’écoute qui donne des conseils aux femmes subissant une violence émotionnelle ou physique ou rencontrant des problèmes économiques », explique Amina Goudaleh Mohamed, travailleuse sociale auprès de l’unité de conseil de l’UNFD. Elle souligne que 30 % des personnes demandant de l’aide à l’UNFD sont des femmes migrantes : « Elles n’ont aucun statut ni documents établissant leur identité. Elle se plaignent d’abus physiques ou moraux de la part de leurs maris, mais elles ne peuvent malheureusement pas prouver qu’elles sont mariées ».

 

Près de la moitié des migrants qui transitent à Djibouti sont des femmes. Elles sont particulièrement à risque et en besoin d’assistance et de protection ©GIZ/Omar Saad

Près de la moitié des migrants qui transitent à Djibouti sont des femmes. Elles sont particulièrement à risque et en besoin d’assistance et de protection ©GIZ/Omar Saad

Selon Mme Goudaleh, la cellule parvient à régler la majorité des cas en convoquant les hommes accusés à la fin de l’entretien : « Je me rappelle une jeune femme éthiopienne, mineure, qui est arrivée à Djibouti il y a deux ans. Elle avait des emplois de vendeuse de rue et de femme de ménage. Sa vie a basculé quand elle est tombée enceinte d’un compatriote qui a totalement refusé de reconnaître son enfant. Elle est venue chez nous avec son bébé de quelques mois dans les bras. » Mme Goudaleh est heureuse qu’une solution ait été trouvée en parlant au père potentiel et en lui proposant un test ADN :  « Il a avoué, a reconnu son enfant et a accepté de payer une petite pension mensuelle. »

Autonomisation des femmes migrantes par le biais de formations

« Nous proposons aussi des cours d’alphabétisation aux femmes migrantes. Nous avons lancé des programmes de formation à la couture et à la broderie destinés aux femmes migrantes. Les femmes reçoivent également des kits d’hygiène composés de serviettes, de savons, de vêtements et d’autres accessoires nécessaires à leur bien-être », explique Roukia Ali Djama.

 

Les organisations de la société civile djioutiennes comme l’UNFD reçoivent des formations pour améliorer leurs appuis aux migrants ©IOM

Les organisations de la société civile djioutiennes comme l’UNFD reçoivent des formations pour améliorer leurs appuis aux migrants ©IOM

Vingt-quatre membres du personnel de l’UNFD ont bénéficié d’une formation devant améliorer le soutien proposé aux femmes migrantes et répondre à leurs besoins. Cette formation abordait aussi la question de savoir comment mieux identifier et aider les migrantes vulnérables et s’adressait en particulier aux travailleuses sociales qui fournissent des conseils.

Contexte

Le programme « Améliorer la gestion des flux migratoires » (Better Migration Management) est financé par l’Union européenne et l’Allemagne. Son but est de rendre les migrations sûres, ordonnées et régulières à l’intérieur de la Corne de l’Afrique en suivant une approche fondée sur les droits humains et en intégrant la spécificité du genre dans la migration. Ce programme appuie l’Union nationale des femmes djiboutiennes (UNFD) et d’autres organisations de la société civile de Djibouti en les formant à l’identification et au soutien des victimes de trafic illicite et des migrant·e·s vulnérables et en mettant particulièrement l’accent sur les femmes, les filles et les jeunes. Il fournit aussi une formation et des équipements afin que ces organisations améliorent les services rendus aux migrant·e·s et aux victimes de trafic.


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