Discours de l’ambassadeur de l’Union européenne au Burundi,
S.E.M. Claude BOCHU,
Journée de l’Europe, 9 mai 2023
Tugire amahoro: (Twese)
Tugire amahoro, ubumwe,
n’iterambere mu Burundi!
Excellence, M. le Secrétaire Permanent au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération au Développement, (ou son représentant),
Excellences, les Honorables, les Autorités déconcentrées, les nombreux représentants des ministères et autres institutions.
Je salue aussi la présence de mes chers collègues de l’Equipe Europe (y compris de la Coopération Suisse), des nombreux collègues d’autres missions diplomatiques bilatérales, régionales ou multilatérales, des représentants des forces vives burundaises (presse, secteur privé, société civile) et aussi cette année celle des membres de tout le personnel de la Délégation de l’UE et leur famille. Une note de bienveillance à l’endroit des artistes burundais et autres sur scène ou non ce soir.
Ukraine - 78ème anniversaire de la charte UN
Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de la Journée de l'Europe, qui célèbre la construction européenne depuis la déclaration historique de Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères, le 9 mai 1950 à Paris.
A regarder l'évolution mondiale depuis l’an dernier, il y a certes des raisons de satisfaction mais malheureusement de nombreux autres éléments: les centaines de morts récentes tant en RDC qu’au Rwanda dans des pluies diluviennes
nous rappellent encore une fois combien
nos sociétés peuvent être fragiles.
C’'est un sentiment d'incompréhension et de souffrance face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui domine.
En cette année où nous célébrons le 78ème anniversaire de la charte des Nations Unies, quand se déploient le chauvinisme, la propagande, le repli identitaire //,
la régression voire le conflit ne sont plus très loin.
Au contraire, quand le dialogue, la coopération, la tolérance, la confiance s’installent, ce sont les conditions de vie, le développement qui peuvent progresser.
L'Union européenne en est la démonstration empirique. En tant qu’espace de liberté, de prospérité et de progrès, l’UE partage son ADN avec son grand frère, les Nations Unies.
Le SGNU Antonio Guterres, qui était ici il y a peu, déclarait récemment : « les Nations unies et l'Union européenne sont les deux plus grands projets de paix de notre temps". L’Union européenne avait d’ailleurs reçu le prix Nobel de la Paix en 2012.
La Déclaration universelle des droits de l’homme comporte 30 articles qui présentent nos droits tels que notamment l’accès à l’éducation, à l’emploi, à une rémunération équitable, au droit de vote et aux soins de santé.
La liberté d’expression, le respect de la vie privée et le respect mutuel sans distinction de sexe, de race, d’ethnie ou de religion y sont également présents.
C’est en 1948, au lendemain de la deuxième guerre mondiale qui avait occasionné tant d’atrocités, que furent adoptées ces valeurs universelles. Et j’insiste sur le mot « universelles ». Ce ne sont pas des valeurs occidentales ou européennes, ce sont des principes que nous partageons sur tous les continents.
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La Charte des Nations unies, dont la Russie fut signataire, prône aussi l’égalité souveraine des Etats et l’interdiction d’employer la force dans leurs rapports.
La relation UE-Burundi
S’agissant plus particulièrement de la coopération UE-Burundi, la journée de la coopération du 10 juin dernier, la journée « résilience » du 17 novembre et la vidéo qui a été projetée montrent la diversité des appuis consentis, en concertation avec les autorités, afin d’accompagner les efforts des populations pour prendre en main leur développement et pour faire face aux crises en améliorant leur résilience.
Je n’y reviendrai donc pas sauf pour préciser que l’enveloppe allouée au Burundi pour la période 2021-2024 a déjà été totalement engagée une année avant l’échéance et que cela place le Burundi (et notre Délégation) en bonne position à l’entame de l’exercice de répartition des enveloppes pour la période 2024-2027.
A cette enveloppe nationale s’ajoutent d’une part les financements que la DUE a réussi à mobiliser dans le cadre de projets régionaux ciblant de manière prioritaire le Burundi et bien entendu d’autre part les efforts substantiels de coopération bilatérale des Etats membres de l’UE.
En termes politiques, 2022 restera une année remarquable: plusieurs visites de haut niveau ont eu lieu dont celle de S.E.M. le Président de la République au siège des institutions européennes à Bruxelles.
L’UE, ses Etats-membres et d’autres partenaires ont levé plusieurs types de mesures à l’endroit du Burundi et de certains de ses citoyens. Le Burundi et l’UE ont désormais à nouveau une relation apaisée. Il leur appartient maintenant de la faire vivre, de l’enrichir.
L’UE contribue substantiellement à plusieurs dialogues sectoriels avec les Ministères de la Santé, de l’Energie, de l’Agriculture, de la Justice et du Genre.
Le dialogue politique tiendra sa session annuelle bientôt avec le ministère des Affaires Etrangères. Bien entendu, ces dialogues sont des lieux de partage d’analyses et d’attentes tant au Burundi, qu’en Europe ou sur la scène mondiale.
Ainsi, s’agissant de l’état de droit et des droits de l’homme, l’UE encourage et soutient le Burundi dans ses réformes et dans son engagement en faveur de la bonne gouvernance et de l’indépendance du système judiciaire.
Un mot des perspectives
L’UE se réjouit de la tenue du 2ème Forum National du Développement, qui traduit une volonté au plus haut niveau de faire participer au développement durable du Burundi l’ensemble des acteurs (officiels, académiques, société civile, secteur privé, partenaires). Ces efforts seront facilités s’ils sont alliés avec le respect des libertés fondamentales et la stabilité politique.
A cet égard, l’UE salue les efforts déployés par le Burundi dans les mécanismes régionaux et continentaux de paix et de stabilité, encore manifestes il y quelques jours avec le sommet réussi ici à Bujumbura sur la situation dans la région des grands lacs. La nouvelle stratégie de l’UE pour la région des Grands Lacs s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans ces efforts.
Au-delà de la stabilité du pays, un cadre favorable et attractif pour les investisseurs, y compris étrangers, et des partenariats nouveaux sont indispensables pour soutenir la croissance économique. La diversification de l’économie nationale nécessite en effet des investissements technologiques importants qui passent par un secteur privé robuste, innovant, créateur d’emplois décents et une diaspora pleinement connectée aux priorités du pays.
De même, les associations nationales ou internationales de la société civile, respectueuses des textes légaux, sont des vecteurs de développement par leur expérience et leur ancrage local. A ce stade, elles sont, à mon sens, nécessaires au développement du Burundi.
Pour terminer, je tiens à remercier Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération au Développement (ou son représentant) pour sa participation renouvelée et le prie d’assurer le Gouvernement que l’UE fut, est et restera pour le Burundi un ami fidèle, fiable et de premier plan, ce qu’en vérité, elle n’a jamais cessé d’être aux côtés des Burundais, et cela depuis 45 ans.
Je vous laisserai avec une petite fable que j’aime bien, probablement familière aux Burundais.
C’est celle de ce truculent personnage, qui quand on lui demanda : « Samandari, tu oses apporter la lie de sorgho au royaume?» Samandari répondit : « C’est ce qu’on me sert quand je viens alors j’imagine que c’est ce que vous aimez ».
Bien évidemment, comme une chaleureuse hospitalité m’a toujours été témoignée au Burundi, je ne ferai pas mienne la réponse outrecuidante de Samandari tout en souhaitant que les boissons vous plairont ce soir.
Asante bia. Murakoze cane.